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Qu’est-ce que la fourmilière chez le cheval ?
La santé des sabots équins revêt une importance cruciale, et parmi les affections podotrochléaires, la "fourmilière" ou maladie de la ligne blanche suscite un intérêt particulier. Aujourd'hui, nous souhaitons partager avec vous des informations sur une affection particulière qui touche ces précieux sabots : la maladie connue sous le nom de 'fourmilière' ou maladie de la ligne blanche. Dans cet article de blog, nous allons vous parler des signes distinctifs de cette maladie, en mettant l'accent sur ses symptômes précurseurs et en expliquant comment une meilleure compréhension de cette maladie peut nous aider à garder les sabots de nos chevaux en bonne santé. De plus, nous allons explorer le lien entre la 'fourmilière' et la maladie de la ligne blanche.
Comment reconnaître la fourmilière chez le cheval ?
Reconnaître la fourmilière chez le cheval nécessite une observation attentive des signes caractéristiques. Découvrez les indicateurs clés qui peuvent vous aider à identifier cette affection des sabots.
> Quels sont les Symptômes typiques de la fourmilière chez le cheval ?
Effeuillage de la corne du pied du cheval et changements visuels de la ligne blanche :
Un symptôme essentiel de la 'fourmilière' est la séparation de la paroi du sabot du cheval, qui s'accompagne d'un élargissement de la ligne blanche (1). Ce symptôme se traduit par un espace plus grand entre la paroi du sabot et la sole, favorisant ainsi la croissance de bactéries et de champignons. Lors de l'examen de la ligne blanche, on peut observer visuellement cette séparation anormale. Un élargissement de la ligne blanche peut aussi indiquer un affaiblissement du lien entre la paroi du sabot et la sole, ce qui pourrait révéler un problème de santé du pied du cheval, cela est très souvent le cas en cas de fourbure (2) chez le cheval. Il est donc crucial de surveiller toute modification visible, comme des fissures ou des changements dans la structure de la ligne blanche."
Sensibilité du sabot du cheval :
La sensibilité du sabot du cheval est un indicateur essentiel, elle peut se manifester de diverses manières. L'une des manifestations courantes est la douleur, qui peut être détectée lorsque le cheval marche sur des surfaces dures, tels que des cailloux ou des sols irréguliers. La sensibilité accrue peut également se traduire par des réactions inhabituelles lors de la manipulation des pieds, comme le retrait soudain du membre ou une réticence à soulever le sabot. Ces signes de sensibilité peuvent être associés à des problèmes tels que la "fourmilière" ou d'autres affections du sabot.
Boiterie :
La boiterie, notamment persistante, est l'un des symptômes les plus évidents de la "fourmilière" chez le cheval. Si votre compagnon équin présente une boiterie régulière, même légère, cela peut être un signal de douleur associée à des problèmes au niveau des sabots. Une observation attentive de la démarche du cheval, en particulier après l'exercice, peut aider à déceler ces changements dans son comportement locomoteur.
> Autres maladies du sabot, les potentielles conséquences d’une fourmilière du cheval ?
Lorsqu'une "fourmilière" affecte le sabot du cheval, elle devient une porte d'entrée potentielle pour des bactéries et des impuretés, déclenchant des conséquences graves. Le décollement de la paroi du sabot et l'élargissement de la ligne blanche créent un espace propice à l'infiltration de micro-organismes pathogènes. Les bactéries présentes dans l'environnement peuvent pénétrer cette zone vulnérable, entraînant une infection. Lorsque des bactéries envahissent les tissus internes du sabot, cela peut donner lieu à la formation d'abcès. Un abcès résulte de la lutte du système immunitaire contre l'infection, provoquant l'accumulation de pus dans la cavité du sabot. Cette réaction inflammatoire peut être douloureuse pour le cheval et nécessite une intervention vétérinaire immédiate. De plus, la "fourmilière" crée un terrain propice à la pourriture de la fourchette, une condition où les bactéries dégradent les tissus.
La fourchette, en tant qu'élément essentiel du sabot du cheval, assume des fonctions cruciales pour la locomotion et la santé globale du pied. Un dysfonctionnement de la fourchette présente des risques significatifs, se traduisant par un impact négatif sur le rebond, la locomotion et l'amortissement, entraînant ainsi une augmentation des chocs pour les articulations.
Processus scientifique : quelles sont les causes de la fourmilière chez le cheval ?
L'émergence de la fourmilière chez le cheval résulte d'une série complexe de mécanismes pathologiques.
> Les agents pathogènes responsables : Bactéries et champignons
L'apparition de la fourmilière chez le cheval implique des mécanismes pathologiques complexes qui requièrent une analyse détaillée. Initialement, des micro-organismes, notamment des bactéries anaérobies telles que Fusobacterium necrophorum et des champignons du genre Candida (3).
Les bactéries anaérobies, en particulier, exploitent l'absence d'oxygène dans l'environnement du sabot pour s'épanouir. Leur métabolisme génère des toxines, entraînant une nécrose des tissus du sabot . La présence de champignons contribue également à l'aggravation de l'inflammation locale. En réponse à cette agression microbiologique, le système immunitaire du cheval est activé, déclenchant une réponse inflammatoire souvent douloureuse.
> Voies d'entrée : fissures, blessures, points d'entrée potentiels
La décomposition de la matière organique dans le contexte de la fourmilière chez le cheval s'articule autour de la dégradation de la kératine, une protéine fibreuse structurelle prédominante dans les tissus cornés du sabot. Cette dégradation est principalement due à l'activité métabolique des bactéries anaérobies, en particulier Fusobacterium necrophorum (4), qui colonisent la région de la fourchette.
La kératine est une macromolécule composée d'unités protéiques, formant une structure solide et résistante. Les bactéries anaérobies, cependant, produisent des enzymes, telles que les protéases et les kératinases, capables de scinder les liaisons peptidiques entre les acides aminés constitutifs de la kératine. Ces enzymes dégradent ainsi la structure protéique tridimensionnelle de la kératine en peptides et en acides aminés plus simples.
La conséquence directe de cette dégradation enzymatique est une altération significative de l'intégrité structurale de la kératine, conduisant à une fragilisation des tissus du sabot.. Ce phénomène se traduit macrologiquement par une corne friable et cassante.
La dégradation de la kératine expose également des sites réactifs à d'autres réactions biochimiques, contribuant à une cascade de processus inflammatoires et nécrotiques dans la région touchée. Ces événements sont à l'origine des symptômes caractéristiques de la fourmilière, notamment l'inflammation, la douleur, et éventuellement la formation de fissures dans les tissus du sabot.
> Formation de la cavité
Après avoir examiné les modes d'entrée des micro-organismes dans le sabot et leur capacité à dégrader la corne, nous pouvons maintenant comprendre comment ils se développent et créent des cavités profondes à l'intérieur du sabot.
Le taux d'humidité du sabot (entre 25et 30%), y compris la fourchette, est un paramètre critique pour maintenir la santé du pied du cheval. Un équilibre optimal entre l'humidité et la sécheresse est essentiel pour prévenir la fragilisation ou le ramollissement excessif de la kératine. Un taux d'humidité normal contribue à maintenir la souplesse de la fourchette tout en évitant les conditions propices à la prolifération de microorganismes pathogènes.
- Multiplication Bactérienne :
La décomposition de la matière organique génère des substrats nutritifs, créant un environnement propice à la multiplication bactérienne. La prolifération rapide des bactéries anaérobies et des champignons conduit à une augmentation significative de leur population dans le sabot du cheval
- Formation de la Cavité :
La multiplication des agents pathogènes, combinée à la dégradation tissulaire, crée une cavité entre la corne et le pied de chair. Cette cavité est souvent remplie de débris cellulaires nécrotiques, de pus et de résidus bactériens, formant ainsi un foyer inflammatoire.
- Pression et Complications :
La présence accrue de matière infectée dans la cavité peut exercer une pression sur les tissus environnants, potentiellement entraîner une compression des vaisseaux sanguins et des structures anatomiques voisines. Ces complications peuvent aggraver l'inflammation locale et contribuer à la progression de la fourmilière encore plus profondément dans le sabot. Dans le cas d'une prolifération de champignons, comme ceux de l'espèce Candida, l'invasion peut même se propager jusqu'aux os.
Comment détecter et diagnostiquer la fourmilière chez le cheval ?
> Difficultés de détection
La spécificité de l'environnement dans cette région anatomique crée des obstacles significatifs pour identifier et diagnostiquer la fourmilière.
- Absence de boiterie générale :
La présence d'une fourmilière chez le cheval ou l'âne ne conduit dans un premier temps généralement pas à une boiterie, ce qui la rend particulièrement difficile à repérer. Cependant, une fourmilière étendue peut entraîner des problèmes tels que des sensibilités sur différents terrains, et des boiteries.
- Visibilité au moment des soins, parage ou ferrage : Importance de l'inspection régulière
La période des soins, du parage ou de ferrage représente une opportunité pour la détection précoce de problèmes liés aux fourmilières dans le sabot du cheval.
Lors du parage ou du ferrage, le maréchal-ferrant est en proximité directe avec la zone du sabot. Cela lui offre une opportunité unique d'observer de près la surface du sabot, de détecter d'éventuelles anomalies (5) et de palper pour évaluer la consistance de la corne.
Les entretiens réguliers du sabot, incluant le curage et les soins apportés par les propriétaires, sont également l'occasion de vérifier la santé du sabot et de détecter les symptômes de la fourmilière chez le cheval. Pour rappel, la fourmilière se caractérise par un décollement de la paroi du sabot, un élargissement et/ou un creusement de la ligne blanche du sabot, une corne qui s'effrite comme de la craie, et éventuellement la présence d'abcès à répétition.
- Utilité de la radiographie : Outil essentiel pour identifier la fourmilière
La radiographie se positionne comme un outil intéressant dans certains cas dans le processus de détection et de diagnostic des fourmilières dans le sabot du cheval en raison de sa capacité à fournir des informations détaillées sur les structures internes.
Visualisation des structures osseuses :
Les radiographies permettent une visualisation précise des structures osseuses du sabot, y compris la paroi, la sole et la fourchette. Les zones affectées peuvent apparaître comme des zones floues ou dégradées sur l'image radiographique.
Détection des espaces anormaux :
Les fourmilières, en creusant à l'intérieur du sabot, créent des espaces et des cavités qui peuvent être difficiles à détecter visuellement. Les radiographies permettent de repérer ces espaces anormaux qui pourraient indiquer la présence d'une fourmilière, même à un stade précoce où les signes externes peuvent être absents.
À savoir, la qualité de la corne du sabot est directement liée à la structure de la kératine, la protéine fibreuse qui compose les sabots des chevaux
Évaluation des structures de soutien :
La radiographie permet d'évaluer l'intégrité des structures de soutien du sabot, telles que la lame cornée et les processus pédieux.
Suivi de l'évolution :
Les radiographies fournissent également un moyen efficace de suivre l'évolution de la fourmilière au fil du temps. Cela permet aux professionnels de la santé équine d'évaluer l'efficacité des traitements appliqués et d'ajuster les interventions en conséquence.
Comment lutter contre les fourmilières chez le cheval ?
> Pratiques préventives
- Maintien d'une bonne hygiène du pied
Le maintien d'une bonne hygiène du pied est une composante essentielle dans la lutte contre les fourmilières chez le cheval.
Curage régulier :
La première étape pour prévenir la formation de fourmilières consiste en un curage régulier des sabots. En éliminant les débris, la saleté et l'excès d'humidité, on réduit les conditions favorables au développement des fourmilières. Et surtout, comme abordé précédemment, cela permet de surveiller de près l’état des sabots et de détecter les premiers signes.
Parage approprié :
Un parage régulier et approprié effectué par un maréchal-ferrant ou un podologue compétent est essentiel pour la santé du sabot. En effet, des sabots non entretenus ou un parage mal réalisé peuvent créer des pressions inadaptées, provoquant ainsi un décollement de la paroi et des seimes, et ouvrant ainsi la porte aux micro-organismes.
Routine de soin :
Afin de fortifier la corne du sabot pour éviter les fissures et ainsi prévenir les portes d'entrée aux micro-organismes, ainsi qu'aider le cheval à lutter contre ceux présents dans son environnement, l'utilisation de produits de soin pour sabots peut être intéressante. Nous recommandons le Frog Equilibrium, une crème idéale pour le soin routinier des sabots. Elle renforce les feuillets de kératine et, grâce à ses actifs assainissants, aide le cheval à combattre d'éventuels microorganismes néfastes, réduisant ainsi le risque de formation de fourmilière.
- Contrôle de l'environnement propre et sec
Maintenir un box propre, gérer la pâture de manière appropriée et éviter l'accumulation de saleté contribuent significativement à créer un environnement défavorable au développement des fourmilières.
Box propre :
Un box propre est essentiel pour prévenir l'humidité excessive, condition propice au développement des bactéries et donc des fourmilières. En retirant régulièrement les débris, la litière usagée et en assurant une bonne ventilation, on minimise les facteurs favorables à l'infestation par les fourmilières.
Gestion de la pâture :
Une gestion appropriée de la pâture est indispensable pour maintenir un environnement sec et sain. L'évitement des zones particulièrement humides, la rotation des pâtures et le respect du nombre d’équidés en fonction de la surface sont des éléments à prendre en compte.
Aménagement pour le drainage :
Assurer un bon drainage dans l'environnement du cheval est crucial pour éviter l'accumulation d'eau stagnante. Des mesures telles que la création de pentes appropriées, l'installation de drains et la gestion des eaux pluviales contribuent à maintenir un environnement sec.
Comment soigner une fourmilière chez un cheval ?
> Étapes du traitement
- Soins des sabots pour assainir et réguler le taux d’humidité
Dès les premiers signes de faiblesse au niveau des sabots du cheval, ou dès le début de l'apparition de fourmilière, il sera essentiel de mettre en place une routine de soins des sabots
Choix des produits de soins adaptés :
Il est crucial de sélectionner des soins non occlusifs et assainissant pour les sabots. Ces produits permettent une respiration adéquate des tissus du sabot tout en offrant une protection contre les bactéries anaérobies.
Utilisation de produits assainissant :
Ces produits aident à maintenir un environnement sain en réduisant la propension aux bactéries et autres micro-organismes. Ils sont particulièrement utiles pour les chevaux en contact fréquent avec des environnements contaminés.
Renforcement de la corne :
L'utilisation de produits qui contribuent au renforcement de la corne et à l'épaississement de la sole du sabot est essentielle. Ces soins doivent favoriser les liaisons robustes entre les feuillets de kératine et augmenter la résistance de la corne.
- Traitement en présence de fourmilière
Application de produits spécifiques :
En cas de fourmilière déjà présente, il est recommandé d'utiliser des produits liquides qui peuvent être appliqués directement dans les lacunes et les trous. Le produit Frog Equilibrium Express est un exemple.
Prudence avec les désinfectants :
L'utilisation de désinfectants puissants et de l'eau oxygénée doit être faite avec précaution, car ils peuvent retarder la régénération du tissu et éliminer la flore microbienne bénéfique.
- Solutions médicales
Lors de certain cas grave de fourmillière, la collaboration avec un vétérinaire permet une approche ciblée et efficace pour la traiter de manière appropriée. La gestion médicale de la fourmilière chez le cheval comprend l'utilisation judicieuse d'une gamme de solutions médicales, comprenant des antibiotiques, des antifongiques, et d'autres traitements spécifiques, souvent sous la supervision d'un vétérinaire.
Antibiotiques :
En cas d'infection bactérienne avérée, l'administration d'antibiotiques par voie orale ou injectable peut être nécessaire pour contrôler la prolifération des bactéries responsables de la fourmilière. Le choix de l'antibiotique dépendra de la nature des bactéries, et il est essentiel de suivre scrupuleusement les recommandations du vétérinaire.
Antifongiques :
Dans les cas où des champignons sont impliqués, des antifongiques peuvent être prescrits par voie orale ou injectable pour éliminer ces agents pathogènes. Comme pour les antibiotiques, le type d'antifongique sera déterminé en fonction du diagnostic spécifique établi par le vétérinaire.
- Rechutes
Après avoir traité la fourmilière chez le cheval, un suivi attentif des soins s'avère indispensable pour prévenir les rechutes et favoriser la guérison durable.
Vigilance face aux rechutes :
Restez attentif aux signes de rechutes éventuelles. Bien souvent, après arrêt des soins trop tôt, la fourmilière se redéveloppe.
Soins réguliers de l'ensemble du sabot :
Maintenez une routine de soins réguliers pour l'ensemble du sabot. Cela inclut le nettoyage quotidien, le curage, soins du sabot avec des produits fortifiants et l'inspection minutieuse pour détecter tout signe précoce de problème.
Fortification de la corne et de la kératine :
Encouragez la croissance saine de la corne et de la kératine en fournissant une alimentation équilibrée et en utilisant des produits spécifiques.
Soins assainissant :
Continuez à appliquer des soins assainissant régulièrement.
Références :
Septic conditions of the equine foot, J Am Vet Med Assoc. 1972 Dec 1;161(11):1276-9.
Other Clinical Problems of the Equin Foot. Vet Clin North Am Equine Pract. 2021 Dec;37(3):695-721. doi: 10.1016/j.cveq.2021.08.005.
Buffa, Eugene et al. Effect of dietary biotin supplement on equine hoof horn growth rate and hardness. Equine Vet J. 1992.-
Higami, A. Occurence of white line disease in performance horses fed on low-zinc and low-copper diets. J Equine Sci. 1999.
O’Grady, S. and Burns, T.D. White line disease: A review (1998-2018). Equine Vet Edu. 2019.
O’Grady, S. A fresh look at white line disease. Equine Vet Edu. 2011.