Qu’est-ce que la dorsalgie chez le cheval ?

La dorsalgie désigne une douleur localisée au niveau du dos, généralement entre le garrot et la région lombaire. Elle peut concerner les structures osseuses, articulaires, musculaires ou ligamentaires, et résulte de causes variées. Si elle est bien connue dans le milieu du sport équestre, elle est en réalité tout aussi fréquente chez les chevaux vivant au pré ou soumis à un travail modéré.

Une dorsalgie, même légère, peut affecter profondément le confort de vie et les interactions quotidiennes du cheval. Elle mérite donc d’être identifiée et prise en charge, quel que soit le mode de vie de l’animal.

Dans la suite de l’article, vous trouverez également une checklist d’observation : un outil conçu pour vous aider à identifier plus facilement les signes de dorsalgie chez votre cheval.


> Une douleur fréquente mais sous-estimée

Dorsalgie cheval

Des signes subtils mais révélateurs

Les signes cliniques de dorsalgie peuvent être discrets : un dos figé, une raideur dans les allures, une sensibilité au pansage ou au montoir, un refus de tourner ou de reculer, voire un changement d’humeur.
Chez les chevaux peu montés, ces symptômes sont parfois négligés ou attribués à l’âge, à une baisse de forme passagère ou à un "mauvais caractère", alors qu’ils traduisent souvent une douleur réelle.

Dorsalgie cheval

Un trouble souvent ignoré chez les chevaux de loisir

Les chevaux vivant à l’extérieur, non montés ou montés occasionnellement, ne sont pas à l’abri de dorsalgies. En l’absence de travail structuré, la musculature du dos peut être insuffisamment entretenue, ce qui favorise les compensations posturales et les douleurs. D'autres facteurs,  terrain irrégulier, embonpoint, interactions sociales intenses, matériel mal ajusté (licol, couverture), peuvent également induire ou entretenir des tensions dorsales chroniques.

> Pourquoi est-ce un enjeu pour les chevaux de loisir et de pré ?

Soigner Dorsalgie cheval

Des contraintes mécaniques méconnues

Un cheval de pré sollicite son dos au quotidien : pour se relever, pour interagir avec ses congénères, pour se déplacer sur un terrain parfois accidenté. L’usure ne vient pas uniquement de l’effort athlétique : elle peut aussi découler d’un mode de vie inadapté à son âge, à sa morphologie ou à son tempérament.

Chez le poulain, des dorsalgies précoces peuvent résulter de déséquilibres de croissance ou de manipulations inappropriées.
Le shetland, quant à lui, est particulièrement à risque en raison de sa morphologie courte et de son usage parfois inadapté (port de charge, sollicitations répétées...).

définition Dorsalgie cheval

Un impact global sur le bien-être et la locomotion

Un dos douloureux affecte non seulement la locomotion, mais aussi l’appétit, la posture, l’équilibre émotionnel et la capacité à interagir avec l’environnement. Les chevaux atteints de dorsalgie développent parfois des troubles secondaires (boiteries, raideurs cervicales, désengagement des postérieurs) ou des attitudes de retrait.

Prévenir ou corriger une dorsalgie chez un cheval de loisir, c’est améliorer sa qualité de vie globale.

Anatomie du dos équin : ce qu’il faut savoir

Le dos du cheval, c’est un peu comme l’axe central de toute sa locomotion. Il relie l’avant et l’arrière du corps, porte le cavalier, amortit les mouvements… et pourtant, on le connaît souvent mal. En comprenant mieux comment il est fait et comment il fonctionne, on devient plus à même de détecter les petits signaux d’alerte, avant que des douleurs ou des gênes ne s’installent.

> Vertèbres, muscles et ligaments : les structures impliquées

Le dos d’un cheval, ce n’est pas juste "là où on pose la selle". C’est une structure complexe et vivante :

- Il est formé par les vertèbres thoraciques et lombaires, qui s’articulent les unes aux autres comme une chaîne. Elles assurent à la fois solidité et mobilité.

- Les muscles profonds (comme le multifide) servent à maintenir la posture et à stabiliser la colonne. Ce sont eux qui travaillent en continu, même quand le cheval est à l’arrêt.

- Les muscles plus superficiels, comme le long dorsal, sont ceux que l’on voit bouger sous la peau. Ils participent aux mouvements plus visibles : avancer, se plier, pousser.


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Les ligaments, notamment le ligament nuchal et le ligament supra-épineux, relient les vertèbres entre elles et permettent d’amortir les secousses.

À retenir : si l’un de ces éléments est tendu, contracté ou douloureux, c’est tout l’équilibre du dos qui peut être perturbé.

Schéma Dorsalgie cheval
Schéma Dorsalgie cheval

> Fonction du dos dans le mouvement et la performance

Le dos du cheval, c’est un peu le centre névralgique de tout son corps. Il relie l’avant et l’arrière, amortit les chocs, soutient le cavalier, et joue un rôle essentiel dans le confort comme dans la performance. Pourtant, c’est souvent une zone qu’on oublie… jusqu’à ce qu’elle pose problème. Pour mieux comprendre ce qui se joue dans le dos de nos chevaux, commençons par le décortiquer.

- Fragilisation des tissus cutanés et sous-cutanés :

Le dos du cheval est composé de deux grandes parties de la colonne vertébrale :

1) les vertèbres thoraciques (18 au total), qui portent les côtes,

 

2) les vertèbres lombaires (généralement 6), plus massives, situées entre le dos et la croupe.

Ces vertèbres sont comme des pièces articulées d’un puzzle. Elles sont maintenues ensemble par des disques, des ligaments solides et entourées par des couches de muscles profonds (qui stabilisent) et superficiels (qui assurent le mouvement).

On retrouve aussi des structures clés comme :

  • le ligament nuchal, qui part de la tête et descend le long de la colonne,

  • le ligament supra-épineux, son prolongement sur le dos.
    Ces deux-là fonctionnent comme un système de suspension naturelle : ils allègent les tensions, surtout quand le cheval garde la tête basse longtemps.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tout est connecté. Une petite tension musculaire, une raideur articulaire ou un déséquilibre peuvent se répercuter sur toute la ligne du dos. Et ça, le cheval ne peut pas toujours nous le dire clairement.

 

> Le rôle du dos dans le confort et le comportement

Quand un cheval se déplace, son dos n’est jamais figé. Il bouge,  un peu comme une vague qui se propage, en se fléchissant, en s’étirant, parfois même en se tordant légèrement selon le type de mouvement.

Un dos qui fonctionne bien permet au cheval :

  • de s’arrondir sous la selle,

  • de bien engager ses postérieurs,

  • de prendre de l’amplitude sans forcer.

C’est grâce à la mobilité fine entre chaque vertèbre que tout cela est possible. Ces mouvements sont discrets (quelques degrés seulement entre chaque segment), mais mis bout à bout, ils donnent une belle souplesse globale.

À l’inverse, si le dos est trop rigide, contracté ou douloureux, le cheval aura du mal à se mouvoir librement. Il peut devenir "court", trébucher, se désunir au galop… ou simplement perdre en confort et en plaisir de bouger.

Les causes de dorsalgie chez le cheval

La dorsalgie n'est pas une maladie en soi, mais un symptôme : elle peut avoir de multiples origines, parfois entremêlées. Certains chevaux développent des douleurs suite à un traumatisme évident, d’autres présentent des signes plus diffus, liés à leur posture, leur morphologie ou leur façon de bouger.

Cette section fait le point sur les grandes familles de causes de dorsalgie, avec des exemples concrets, pour mieux repérer et prévenir les situations à risque.

> Causes mécaniques et posturales

Ces causes sont les plus fréquentes, notamment chez les chevaux de loisir, montés ou non. Elles sont souvent progressives et silencieuses, liées à des habitudes, à un mode de vie ou à un équipement inadapté.

Elles recouvrent des réalités très concrètes du quotidien, que nous allons passer en revue avec des exemples précis.

Équipement Dorsalgie cheval

Problèmes de selle et d’équipement

La selle est le premier suspect quand un cheval montre des signes de gêne au niveau du dos. Une selle mal adaptée peut :

  • comprimer les apophyses vertébrales,

  • créer des points de pression localisés (surtout au niveau du garrot ou des lombaires),

  • bloquer la mobilité des épaules ou du dos.

Mais ce n’est pas la seule cause potentielle. Des étrivières trop courtes, un sanglage trop fort, un tapis mal positionné, ou même un licol mal ajusté peuvent modifier la posture du cheval… et l’amener à compenser.

À vérifier régulièrement : l’adéquation de la selle au dos du cheval, mais aussi à son évolution (musculation, perte de poids, croissance…).

travail Dorsalgie cheval

Travail inadapté ou déséquilibré

Un cheval qui travaille sans engagement des postérieurs, avec un dos creux ou figé, accumule des tensions musculaires et articulaires.

Les erreurs fréquentes :

  • travail excessif en extension d’encolure, bénéfique lorsqu’il est bien réalisé, il devient au contraire délétère s’il est mal conduit (cheval qui “plonge” sur les épaules, dos relâché).

  • Manque de variété : un cheval toujours travaillé sur le plat, sans sorties en extérieur ni exercices diversifiés, développe des raideurs et perd en tonicité.

  • Cavalier déséquilibré ou mains trop dures : les tensions se reportent directement sur le dos et la nuque du cheval.

  • Absence d’échauffement ou de récupération : solliciter un cheval “à froid” ou terminer une séance sans retour au calme favorise l’apparition de microtraumatismes.

  • Rythme inadapté : monter rarement mais de façon intense fragilise le dos. C’est le cas, par exemple, d’un cheval vivant surtout au pré, peu entraîné, qu’on sort soudain pour une randonnée longue ou exigeante : son dos n’est pas préparé à cet effort ponctuel et risque d’en souffrir.

Même un travail léger mais mal conduit peut suffire à fatiguer le dos. À l’inverse, un bon travail à pied ou en longe, mené avec régularité et précision, peut au contraire renforcer et mobiliser positivement la colonne.

morphologie cheval

Influence de la morphologie et de la croissance

Certains chevaux sont plus sujets aux dorsalgies simplement à cause de leur conformation :

  • dos long ou très court,

  • garrot effacé,

  • ligne du dessus instable (bascule du bassin, encolure portée haut…).

Chez le jeune cheval, la période de croissance est critique : les vertèbres ne sont pas encore ossifiées, la musculature est incomplète, et la moindre surcharge peut perturber l’équilibre du dos.

Schéma corps cheval
Schéma corps cheval

> Causes traumatiques ou ostéo-articulaires

Certaines dorsalgies apparaissent brutalement, suite à un événement identifiable, ou s’installent à cause de lésions structurelles plus profondes.

- Chocs, chutes et pathologies vertébrales

Un glissement au paddock, un choc contre une barre, une chute au montoir… peuvent provoquer :

  • des entorses vertébrales,

  • des blocages articulaires (notamment au niveau des facettes articulaires),

  • voire des micro-fractures.

Ces lésions ne concernent pas toujours directement le dos : une atteinte d’un autre segment (membres, bassin) peut entraîner des compensations qui, à terme, sollicitent et fatiguent la colonne. Elles ne sont pas toujours visibles immédiatement : le cheval peut continuer à bouger “presque normalement”, mais accumuler des déséquilibres qui finissent par se traduire par une dorsalgie.

- Malformations vertébrales

Certaines dorsalgies trouvent leur origine dans des anomalies congénitales ou des malformations du rachis, comme :

  • les kissing spines (ou chevauchements vertébraux) : les apophyses épineuses de certaines vertèbres se rapprochent trop, voire se touchent, ce qui limite l’amplitude des mouvements et peut devenir douloureux lors de l’effort,

  • les scolioses ou déviations du rachis : la colonne présente une courbure anormale, entraînant un déséquilibre dans la répartition des forces et des tensions musculaires,

  • des fusions vertébrales incomplètes : certaines vertèbres ne se sont pas totalement soudées pendant le développement, ce qui crée une fragilité ou une rigidité locale.

Ces particularités anatomiques ne provoquent pas toujours de douleur en elles-mêmes, mais elles réduisent la mobilité et rendent le cheval plus vulnérable aux tensions ou aux surcharges, surtout si le travail n’est pas adapté.

> Causes musculaires et inflammatoires

Le muscle est souvent la première victime silencieuse : il se contracte pour compenser, il se fatigue, et il finit par faire mal.

Dorsalgie cheval

Contractures, compensations et douleurs chroniques

Un dos insuffisamment musclé, ou sollicité de manière inadaptée, finit par se tendre pour maintenir la posture. Cela se rencontre notamment chez les chevaux travaillant avec un dos creux, sans réel engagement des postérieurs, ou supportant un cavalier en déséquilibre. Les conséquences sont :

  • contractures chroniques (muscles durs, sensibles, douloureux à la pression),

  • compensations d’un problème ailleurs (boiterie d’un membre, déséquilibre postural),

  • fatigue générale du système postural.

La douleur peut s’installer dans le temps, surtout si le cheval continue à être sollicité sans relâchement ni mobilisation adaptée.

À observer : un cheval qui ne se roule plus, qui reste raide au pansage, qui rechigne à s’incurver ou à descendre son encolure… mérite une vraie écoute.

Douleur Dorsalgie cheval

Douleurs neuropathiques : une réalité peu connue

On en parle encore peu en pratique, mais certains chevaux présentent des douleurs d’origine nerveuse, liées à :

  1. une inflammation chronique des nerfs spinaux (les nerfs qui émergent de la moelle épinière et assurent la communication entre la colonne vertébrale et le reste du corps), souvent secondaire à une irritation mécanique (frottement, compression, microtraumatismes répétés),

  2. une compression dans les trous de conjugaison vertébraux (les orifices par lesquels sortent ces nerfs), par exemple en cas de malformation, d’arthrose ou de contracture musculaire importante,

  3. ou une hypersensibilité nerveuse induite par le stress, les tensions ou une douleur ancienne mal gérée.

Ces douleurs sont déroutantes : diffuses, changeantes, non localisées, sans signe net à l’examen orthopédique. Le cheval peut réagir fortement à la pression ou se montrer très “sur la défensive”, sans qu’aucune lésion visible ne soit identifiée.

Comment reconnaître une dorsalgie ?

La dorsalgie chez le cheval est souvent discrète, progressive et silencieuse. Il ne s'agit pas toujours d'une douleur franche et visible : dans bien des cas, ce sont des petits signes diffus qui trahissent une gêne, un inconfort, ou, une souffrance chronique.

Développer son regard, c’est apprendre à observer le cheval autrement : non pas seulement si il boîte, mais comment il se tient, se déplace, réagit, interagit.

 

> Signes visibles et comportementaux

Le cheval peut exprimer son mal de dos sans aucun symptôme locomoteur franc. Les signes sont souvent comportementaux, voire émotionnels :

  1. Il devient irritable au travail, se défend dès la détente, s’agace sur des exercices qu’il connaissait.

  2. Il peut se montrer apathique ou "éteint", comme s’il avait perdu l’envie d’avancer.

  3. À l’inverse, il peut devenir plus nerveux, explosif ou réactif, surtout aux transitions ou changements de direction.

  4. Il refuse de s’arrondir, ne veut pas céder dans la nuque, ou évite l’engagement des postérieurs.

Chez certains chevaux, cela se traduit par des mimiques très claires :

  • oreilles couchées au montoir ou à l’effort,

  • queue fouettante,

  • raideur soudaine en cours de séance.

 À observer avec attention : un changement de comportement qui "ne colle pas avec son tempérament habituel" est souvent un signal d’alerte. Ce n’est pas du caractère : c’est souvent un appel à l’aide.

 

> Réactions à la manipulation et au pansage

Le pansage et la manipulation sont des moments révélateurs. Un cheval en bonne santé apprécie qu’on le brosse ou qu’on pose les mains sur lui. En cas de dorsalgie, c’est une autre histoire :

  • Il se creuse ou se contracte quand on passe la brosse sur le dos.

  • Il peut tressaillir sous la pression des doigts, surtout le long des vertèbres.

  • Certains deviennent très réactifs au toucher, jusqu’à mordre, botter ou chercher à s’éloigner.

  • D’autres présentent des zones "figées", sans élasticité, où la peau semble collée ou les muscles durs comme du bois.

Le test de stimulation du ventre (gratter doucement la ligne ventrale pour observer s’il fléchit le dos) est aussi un bon indicateur :

  • un dos souple va se relever légèrement,

un dos douloureux reste figé, voire se creuse.

Schéma Dorsalgie cheval
Schéma Dorsalgie cheval

Diagnostic de la dorsalgie équine

Lorsqu’un cheval manifeste une gêne ou une douleur au niveau du dos, la première interrogation du propriétaire est légitime : s’agit-il d’un problème sérieux ou d’une simple raideur passagère ? Le rôle du diagnostic est précisément d’apporter des réponses claires.

Un examen clinique bien conduit permet, dans de nombreux cas, de mieux cerner l’origine de la douleur sans recourir immédiatement à des examens lourds ou coûteux. Observation en statique, palpation ciblée, évaluation de la locomotion et analyse du travail monté ou à la longe constituent déjà une base solide pour orienter la prise en charge.

Toutes les dorsalgies ne présentent pas la même gravité : certaines sont transitoires et liées à des facteurs facilement modifiables (travail, matériel, mode de vie), d’autres révèlent des atteintes plus structurelles. Dans tous les cas, une identification précoce reste la clé pour agir efficacement, prévenir l’aggravation et maintenir le cheval dans de bonnes conditions de confort et de performance.

> Palpation et évaluation dynamique

La première étape du diagnostic repose sur l’observation et le toucher. Il s’agit de repérer, avec l’aide d’un professionnel formé (vétérinaire, ostéopathe…), des zones sensibles ou raides, et d’évaluer comment le cheval utilise son dos en mouvement.

La palpation permet de :

  • détecter d’éventuelles tensions musculaires,

  • observer les réactions à la pression (tressaillement, contraction, évitement),

  • repérer une asymétrie ou une perte de souplesse.

L’évaluation dynamique consiste à regarder :

  • la souplesse du dos au pas, au trot, voire en longe ou monté,

  • la manière dont le cheval engage ses postérieurs, se tient, tourne…

> Outils d’imagerie et d’analyse du mouvement

Dans certains cas, pour préciser une suspicion ou explorer un point particulier, le vétérinaire peut recommander des examens complémentaires :

  1. La radiographie aide à visualiser la forme et l’alignement des vertèbres.

  2. L’échographie permet de voir les muscles, ligaments, articulations.

  3. La scintigraphie, l’IRM ou le scanner sont plus rares, mais utiles pour certains diagnostics complexes.

À savoir, ces examens ne sont pas systématiques, ni toujours nécessaires. On y a recours quand l’examen clinique laisse des zones d’ombre ou quand le cheval présente une douleur persistante qu’on ne parvient pas à expliquer autrement.

 

> L’intérêt d’un diagnostic pluridisciplinaire

Le dos est une zone où se croisent beaucoup d’influences : travail, posture, matériel, émotions, santé générale… Il est donc normal que plusieurs professionnels puissent être impliqués dans le diagnostic. Et c’est une bonne chose !

  • Le vétérinaire va poser le cadre médical.

  • L’ostéopathe va affiner l’analyse du mouvement et des compensations.

  • Le saddle fitter ou le maréchal-ferrant vont apporter leur regard sur les causes mécaniques possibles.

Et vous, en tant que propriétaire, êtes la personne la plus à même de remarquer les petits changements.

Que faire en cas de dorsalgie ?

Lorsqu’un cheval présente des douleurs ou des tensions au niveau du dos, il n’y a pas lieu de céder à la panique. La dorsalgie n’est ni une fatalité, ni une situation irréversible. Dans la grande majorité des cas, une prise en charge progressive et cohérente permet d’obtenir une nette amélioration, parfois même un retour complet au confort.

L’essentiel est d’avancer par étapes, en s’appuyant sur l’observation, l’adaptation du travail et, si besoin, l’accompagnement de professionnels. Les traitements médicamenteux existent, mais ils ne doivent intervenir qu’en dernier recours, dans des situations où les ajustements du mode de vie, du matériel et de la rééducation ne suffisent pas.

 

> Interventions complémentaires et rééducation

Lorsque les douleurs persistent malgré des ajustements de base, il est pertinent de recourir à des interventions complémentaires. L’ostéopathie, la physiothérapie ou certaines techniques de massage peuvent aider à relâcher les tensions, à redonner de la mobilité aux articulations et à restaurer un fonctionnement musculaire harmonieux.

Parallèlement, une rééducation progressive et adaptée est souvent nécessaire. Cela peut passer par du travail à pied, en longe avec enrênements légers et bien utilisés, ou par des exercices de gymnastique visant à renforcer le dos et les abdominaux. Le but est d’apprendre au cheval à se porter correctement, en limitant les compensations qui entretiennent la douleur.

Un suivi régulier, avec des bilans posturaux et une adaptation du programme en fonction des progrès, permet de consolider les résultats et d’éviter les rechutes. Cette étape est centrale, car elle s’attaque à la cause fonctionnelle de la dorsalgie.

> Traitements vétérinaires classiques

Lorsque la douleur est particulièrement intense, chronique, ou qu’elle ne s’améliore pas malgré un repos ciblé et une rééducation adaptée, le recours médical peut devenir nécessaire. Il doit être envisagé uniquement dans des situations où les mesures précédentes ne suffisent pas, et toujours en parallèle d’un plan de prise en charge global.

anti-inflammatoire Dorsalgie cheval

Anti-inflammatoires et antalgiques

Le vétérinaire peut prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme la flunixine ou la phénylbutazone) pour réduire l’inflammation et calmer rapidement la douleur. Dans certains cas, des antalgiques spécifiques ou des infiltrations vertébrales peuvent être proposés. Ces traitements ont l’avantage d’agir vite, de soulager le cheval et de permettre parfois de relancer un travail de fond.

Cependant, ils ne traitent pas l’origine du problème. Leur rôle est de créer une fenêtre de confort, afin de mettre en place une rééducation adaptée. Ils ne doivent donc jamais être utilisés comme unique réponse.

Suivi médical Dorsalgie cheval

Suivi médical et protocoles adaptés

Le vétérinaire peut également mettre en place un protocole de suivi : repos contrôlé (souvent en liberté, mais dans des conditions sécurisées), remise en mouvement progressive, bilans réguliers. En cas de pathologie identifiée (kissing spines, arthrose…), des examens d’imagerie peuvent être réalisés pour suivre l’évolution et affiner la stratégie.

Ce suivi médical s’intègre toujours dans une logique de remobilisation progressive, adaptée aux capacités du cheval et à son niveau de tolérance. L’objectif n’est pas de figer le cheval dans l’inactivité, mais au contraire de lui redonner du mouvement dans des conditions sécurisées et constructives.

> Médecines complémentaires et rééducation

Dans bien des cas, les approches dites "complémentaires" sont en réalité essentielles : elles permettent de détendre, de remuscler, de restaurer une posture plus fonctionnelle, et d’éviter les rechutes.

Dorsalgie cheval

Ostéopathie, physiothérapie, acupuncture

Ces techniques peuvent avoir un impact direct sur la mobilité, la douleur et la proprioception du cheval :

  • L’ostéopathie travaille sur la mobilité des structures (vertèbres, articulations, tissus mous) et peut libérer certaines compensations.

  • La physiothérapie agit sur les douleurs chroniques, les tensions musculaires et favorise la récupération.

  • L’acupuncture (qu’elle soit vétérinaire ou traditionnelle) peut apporter un soulagement significatif sur les douleurs musculo-squelettiques et les déséquilibres énergétiques.

L’essentiel : bien choisir le praticien, et intégrer ces soins dans une vision d’ensemble, en lien avec l’équipement et le travail du cheval.

éviter Dorsalgie cheval

Travail à pied, étirements et renforcement

Pour qu’un cheval retrouve confort et mobilité, il est nécessaire d’introduire une phase de remise en mouvement progressive. Le travail à pied, lorsqu’il est conduit avec méthode, constitue un outil essentiel de cette rééducation.


Consacrer 10 minutes de mobilisation à pied avant chaque séance montée permet de préparer la musculature posturale, d’échauffer le dos en douceur et de limiter le risque de sursollicitation. Ce temps d’activation améliore non seulement le confort immédiat, mais aussi la qualité du travail qui suit.

Il ne s’agit pas de faire tourner le cheval sur de petits cercles en longe (une pratique qui peut être délétère pour les articulations et le dos)  mais de privilégier de simples exercices progressifs : marche en main sur de grandes lignes droites, incurvations douces sur de larges cercles, transitions pas-trot favorisant la descente d’encolure, ou encore passages de barres au sol pour solliciter l’engagement des postérieurs. Même courte, cette routine contribue à améliorer la souplesse, à renforcer la sangle abdominale et à soutenir la colonne vertébrale. Bien menée, elle constitue l’un des leviers les plus efficaces pour réhabiliter et préserver le dos du cheval.

> Ajustement du matériel et des habitudes

Un dos douloureux, c’est parfois un signal envoyé par le matériel, ou par une routine à revoir. L’occasion de faire le point sur les détails du quotidien qui comptent.

- Selle, amortisseurs, routine de soins

Faire vérifier la selle en dynamique est une étape clé, surtout si le cheval montre des signes de gêne sous le cavalier, revoir l’épaisseur ou la position du tapis, l’usage (ou non) d’un amortisseur, le réglage des sangles… Et penser aux petits soins réguliers : massage à la main, brossage lent et profond, pauses dans les séances…

Parfois, ce sont les petits ajustements qui permettent au cheval de "poser son dos" à nouveau, en confiance.

Dans une routine de prévention, certains produits de soin peuvent venir soutenir le confort locomoteur du cheval, notamment lors de raideurs passagères, de récupération après l’effort ou simplement en entretien. C’est le cas du gel Motus Equilibrium, pensé pour les tendons, les muscles et les articulations.

 

Ce gel rafraîchissant associe des extraits de plantes reconnues . (arnica, menthe poivrée, eucalyptus citronné, lavande, romarin…) à des actifs aux propriétés circulatoires, décontractantes et apaisantes. Il s’utilise facilement au quotidien :

  • En massage localisé après une séance, une manipulation ou une longue marche,

  • Sur des zones sensibles ou tendues (base de l’encolure, région lombaire, jarret…),

  • Pour favoriser la récupération et soutenir une meilleure mobilité, notamment chez les chevaux plus âgés ou à la musculature fragile.

Sa texture en gel est pratique : non grasse, elle sèche rapidement et se brosse sans difficulté.
Il peut aussi s’intégrer à un moment de soin et de connexion avec votre cheval : quelques minutes de massage doux suffisent à relâcher certaines tensions et à favoriser la détente globale.

Conseil d’utilisation : appliquez une noisette de gel à rebrousse-poil, massez doucement la zone ciblée, puis laissez sécher.

- Gestion de l’environnement et du confort

  • L’accès au mouvement est fondamental : un cheval au box sans sortie va se raidir, même s’il est en repos.

  • L’idéal est de proposer une vie au pré ou au paddock, avec des copains, du terrain légèrement varié, des abris et de la liberté de posture.

  • Surveiller aussi le sol dans les zones de vie (paddock boueux ? trop dur ? trop plat ?) et les conditions de couchage.

Un cheval bien dans son corps, c’est aussi un cheval bien dans son environnement. On ne peut pas toujours tout changer, mais chaque amélioration compte.

Dorsalgie cheval

Prévenir la dorsalgie chez les chevaux au pré

On pense parfois que les dorsalgies ne concernent que les chevaux montés… et pourtant ! Même sans selle ni cavalier, un cheval au pré peut développer des tensions dorsales. Cela peut être dû à une croissance inégale, un défaut d’engagement naturel, un terrain trop irrégulier, ou encore un manque de mobilisation posturale.

La prévention passe souvent par de petites habitudes simples. Et plus on agit tôt, plus on limite le risque de douleurs chroniques.

> Favoriser une locomotion naturelle et variée

Un cheval qui vit dehors a, en théorie, plus de liberté de mouvement. Mais encore faut-il que ce mouvement soit varié et fonctionnel.

Quelques points clés à garder en tête :

  • Un pré en pente douce ou avec des variations de terrain stimule la proprioception et l’engagement des postérieurs.

  • La vie en groupe, avec des interactions sociales, encourage les déplacements et les changements de posture.

  • Le fait de chercher son foin en différents points, d’alterner repos, marche, jeux, permet une mobilisation plus riche du dos et des chaînes musculaires.

 

À savoir, même si le cheval n’est pas monté, proposé régulièrement une balade en main, une longe douce ou un petit parcours d’éveil sensoriel est un excellent moyen de garder son dos actif.

> Entretien musculaire sans contrainte

Pas besoin d’un programme de musculation : ce qu’il faut, c’est entretenir la tonicité posturale, c’est-à-dire les muscles qui soutiennent le dos au quotidien.

Comment faire, concrètement ?

  • Utiliser les étirements (flexions d’encolure latérales et basses) : quelques secondes par côté suffisent à mobiliser les muscles profonds.

  • Inviter le cheval à descendre l’encolure.

  • Faire marcher en main en terrain varié, avec des montées/descentes, pour stimuler la chaîne ventrale et les abdominaux.

  • Intégrer, sans surcharger, quelques passages de barres au sol ou petits exercices de mobilisation ludique.

Ce sont ces petits gestes, répétés régulièrement, qui entretiennent la souplesse du dos et réduisent les compensations liées à une vie trop statique.

> Surveillance régulière et soins préventifs

Le dos du cheval parle… si on prend le temps de l’écouter. Une routine d’observation régulière permet de repérer très tôt les signes discrets d’un inconfort :

  • le cheval se creuse au pansage ?

  • il ne se roule plus ou seulement d’un côté ?

  • sa ligne du dos semble avoir changé (plus creuse, plus figée) ?

  • il évite certaines postures ?

Même sans symptômes bruyants, il peut y avoir des tensions. C’est le moment idéal pour intervenir en douceur avant que la douleur ne s’installe.

Réflexe utile : une main qui passe doucement le long du dos, des zones palpées avec attention, des photos régulières du cheval de profil peuvent devenir vos meilleurs indicateurs.

> Importance du suivi professionnel (saddle fitter, ostéo, véto)

Un cheval au pré a aussi droit à un suivi régulier, adapté à ses besoins, mais préventif plutôt que curatif :

  • L’ostéopathe peut intervenir même sur un cheval non travaillé, pour corriger des déséquilibres posturaux liés à la croissance, au mode de vie ou à une ancienne blessure.

  • Le saddle fitter a toute sa place si le cheval est monté de façon ponctuelle ou irrégulière, même en balade.

  • Le vétérinaire reste un interlocuteur clé pour un bilan global, notamment si des douleurs réapparaissent malgré les soins.

Ce travail en équipe, même à petite échelle, est souvent la clé d’un cheval bien dans son dos… et bien dans sa tête.

 

Références :

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  • Harrison, L. M. (2024). “Equine back pain is a diagnostic challenge”. [Revue scientifique]. Retrieved 25 August 2025.

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  • Mayaki, A. M. (2020). “Clinical assessment and grading of back pain in horses”. Journal of Veterinary Science. Retrieved 25 August 2025.