

Un membre subitement gonflé, dur, chaud, douloureux : le redouté “poteau” chez le cheval inquiète à juste titre les propriétaires. Est-ce une simple réaction post-effort, un engorgement bénin… ou les signes d'une lymphangite ? Cette pathologie inflammatoire du système lymphatique, souvent méconnue, peut rapidement évoluer vers des formes chroniques handicapantes si elle n’est pas détectée et prise en charge à temps.
Dans cet article, nous vous aidons à mieux comprendre la lymphangite chez le cheval, à en reconnaître les symptômes, à la différencier d’autres pathologies fréquentes, et surtout à savoir comment la traiter efficacement, en limitant les récidives. Une approche scientifique, mais accessible, pour mieux protéger vos chevaux.
Lymphangite équine : comprendre cette pathologie souvent sous-estimée
> Une inflammation grave du système lymphatique
La lymphangite est une inflammation des vaisseaux lymphatiques, responsables du drainage de l’excès de liquide interstitiel et des déchets cellulaires. Chez le cheval, elle touche principalement les membres postérieurs, et se manifeste par un œdème soudain, chaud, douloureux, souvent accompagné de fièvre et d’une boiterie marquée.
La lymphe ne circule plus correctement, ce qui provoque une accumulation de liquide et une réponse inflammatoire importante. Dans certains cas, la peau peut s'épaissir, durcir, voire suinter si des fissures apparaissent. Une lymphangite non traitée ou récidivante peut conduire à une éléphantiasis chronique, irréversible.
> Pourquoi cette maladie est encore mal identifiée
La lymphangite est encore souvent mal reconnue, notamment parce que ses premiers signes peuvent prêter à confusion. Un cheval qui présente un membre gonflé, chaud, douloureux… cela peut faire penser à un simple engorgement (une accumulation de lymphe ou de sang dans les membres, fréquente après un effort ou une immobilisation), à une tendinite (inflammation d’un tendon), ou même à une phlébite (inflammation d’une veine, parfois associée à un caillot sanguin).
Et tant que la fièvre ou la boiterie ne sont pas marquées, il est tentant d’attendre un peu, de surveiller, voire de penser que “ça va passer”.
Pourtant, dans le cas d’une lymphangite, plus la prise en charge est précoce, meilleur est le pronostic.
Cette difficulté de reconnaissance vient aussi du fait que la maladie peut avoir des causes très variées : une plaie minime, une piqûre d’insecte, un choc, ou même un déséquilibre du système immunitaire. Autrement dit, il n’existe ni cause unique, ni profil type. Et comme il n’existe pas de test simple ou rapide pour confirmer le diagnostic, celui-ci repose avant tout sur l’œil du vétérinaire… et sur la vigilance du propriétaire.
C’est pourquoi il est si utile de mieux sensibiliser. Sans dramatiser, simplement apprendre à reconnaître les signes qui méritent un avis vétérinaire peut faire toute la différence pour agir au bon moment.
> Lymphangite, engorgement ou phlébite : comment faire la différence ?

Cheval qui a un "poteau" : pas toujours une lymphangite !
Le signe clinique le plus marquant d’une lymphangite est un œdème brutalement apparu, très chaud, tendu, douloureux, souvent localisé sur un seul membre postérieur. Le cheval est visiblement abattu, peut présenter de la fièvre, une boiterie et une difficulté à se déplacer. Mais attention : tous les “poteaux” ne sont pas synonymes de lymphangite. D’autres affections peuvent provoquer un gonflement du membre, parfois moins spectaculaire, mais aux conséquences bien différentes.

Mollettes, tendinites, œdème post-effort : signes similaires, causes différentes
Quand un cheval présente un membre gonflé, plusieurs diagnostics sont possibles. Certaines affections, moins graves que la lymphangite, peuvent provoquer un œdème impressionnant, mais ne nécessitent pas la même prise en charge.
Pour mieux comprendre les différences, intéressons-nous à trois causes fréquentes de gonflement du membre antérieur et postérieur : les mollettes, les tendinites et l’œdème post-effort.
- Mollettes chez le cheval
Les mollettes sont des gonflements mous, situés autour des tendons, généralement sur les membres antérieurs. On les observe fréquemment chez les chevaux de sport, en particulier après un effort intense ou dans le cadre de troubles circulatoires mineurs. Mais aussi chez des chevaux de loisirs, surtout lorsqu’ils évoluent sur des terrains irréguliers ou trop durs, ou qu’ils sont soumis à des sollicitations répétées.
Toutefois, certaines mollettes peuvent évoluer ou s’inflammer, provoquant alors une douleur locale, voire une boiterie ou une légère fièvre si une infection ou une sursollicitation est présente. Ces cas doivent bien sûr alerter.
Quand une mollette apparaît, l’essentiel, c’est de suivre son évolution.
Si elle reste souple, froide, toujours de la même taille et ne semble pas gêner le cheval, c’est souvent bénin. Il n’y a pas forcément lieu de s’inquiéter, notamment si elle est là depuis longtemps sans causer de souci.
En revanche, si elle est apparue récemment, qu’elle gonfle, devient chaude ou douloureuse, il est préférable de ne pas attendre.
Dans ce cas, un avis vétérinaire permet de vérifier s’il y a une inflammation ou un début de complication.
Un petit test simple consiste à exercer une pression douce avec les doigts. Ça permet de sentir si la zone est plus tendue que d’habitude ou si le cheval réagit à la palpation. Si la mollette est ancienne, stable, et que le cheval vit très bien avec, on peut la laisser tranquille. Par contre, si elle vient d’apparaître ou évolue rapidement, un peu de repos et une surveillance attentive sont de bons réflexes.
Pour mieux comprendre les différents types de mollettes, leurs causes possibles et les signes à surveiller, vous pouvez consulter notre article complet sur les mollettes chez le cheval ici.
- Tendinites chez le cheval
Les tendinites sont assez fréquentes chez les chevaux, surtout après un effort trop intense ou mal préparé. Elles touchent les tendons, selon le cheval et son activité. Les signes à repérer : un gonflement bien localisé, une douleur au toucher, une boiterie plus ou moins marquée, et parfois un peu de chaleur. La fièvre est rare, mais possible si l’inflammation est importante.
Pour plus de détails, vous pouvez consulter notre article complet sur la tendinite chez le cheval.
Il est parfois difficile, en tant que propriétaire, de différencier une tendinite d’une mollette. Pourtant, les implications ne sont pas les mêmes. Les mollettes sont souvent mousses, indolores et diffuses, liées à un phénomène circulatoire, alors que les tendinites sont plus fermes, douloureuses au toucher, et provoquent une boiterie nette.
Une mollette peut être simplement surveillée, tandis qu’une tendinite nécessite une prise en charge vétérinaire rapide pour éviter les complications et favoriser une bonne récupération.
- Odème et engorgement chez le cheval
Après un effort intense ou prolongé, un cheval peut présenter un gonflement passager des membres postérieurs, sans douleur, ni chaleur, ni fièvre. Cet œdème post-effort est généralement bilatéral, et disparaît spontanément en quelques heures, surtout avec une bonne récupération (marche en main, douche froide, hydratation).
Il s’agit d’une réaction physiologique et non d’une pathologie à proprement parler. En revanche, si cela se répète, cela peut traduire un problème de gestion de l’effort ou de condition physique.
- Pourquoi ce phénomène se produit-il ?
Pendant l’exercice, les muscles consomment davantage d’oxygène et produisent des déchets métaboliques (comme l’acide lactique). La circulation sanguine s’intensifie pour répondre à cette demande. Une fois l’effort terminé, le flux diminue brutalement, et si le cheval reste immobile (en van, au box…), cela peut entraîner une accumulation transitoire de liquides dans les tissus, surtout si le drainage lymphatique est déjà un peu paresseux.
- La phlébite chez le cheval
La phlébite correspond à l’inflammation d’une veine, localisée sur un membre. Elle peut être superficielle ou profonde, mais dans les deux cas, elle mérite une attention particulière. Chez le cheval, la phlébite est plus rare que la lymphangite, mais les deux peuvent parfois se ressembler cliniquement.
Le plus souvent, la phlébite survient à la suite d’une injection intraveineuse (notamment dans la veine jugulaire), mais elle peut aussi apparaître sur un membre, parfois en lien avec un traumatisme, un pansement trop serré ou un engorgement non résolu. Elle peut être isolée ou s’associer à une thrombose, c’est-à-dire la formation d’un caillot dans la veine concernée.
Sur un membre, on observe généralement un cordon dur, chaud et sensible à la palpation, le long d’une veine superficielle. L’engorgement est souvent localisé et linéaire, accompagné d’une douleur variable selon la sévérité. Le cheval peut présenter une boiterie légère à modérée, parfois de la fièvre si l’inflammation est importante. Dans les cas plus discrets, seul un gonflement inhabituel et une veine rigide au toucher peuvent mettre la puce à l’oreille.
Tableau comparatif : comment différencier ces pathologies équine

> Comment évolue une crise de lymphangite ?
Chaque crise de lymphangite évolue différemment selon le cheval, la cause initiale et la rapidité de prise en charge. Mais certains mécanismes restent caractéristiques.
---> Œdème ascendant, peau tendue, plaies éventuelles
En premier lieu, on observe généralement un œdème soudain, localisé d’abord en bas du membre, qui peut ensuite s’étendre progressivement vers le haut, on parle alors d’œdème ascendant.
Le membre devient très tendu, chaud, et la peau prend un aspect luisant. Sous la pression de l’inflammation, il arrive que la peau se fissure, surtout si elle était déjà fragilisée par des lésions préexistantes. Ces fissures peuvent alors suinter un liquide clair ou légèrement trouble.
Si le cheval reste en mouvement et si le traitement est mis en place rapidement, on peut parfois observer une régression assez nette de cet œdème en quelques jours. À l’inverse, en l’absence de soins, le gonflement peut persister ou s’aggraver.
Les soins et gestes à mettre en place seront détaillés un peu plus loin dans cet article.
---> Risque de nécrose ou d’abcès
Dans les cas plus sévères ou lorsque la réponse inflammatoire s’intensifie, on peut voir apparaître des zones de nécrose cutanée (des plaques de peau noire, dure, morte), en particulier si l’œdème a comprimé fortement les tissus sur plusieurs jours.
Par ailleurs, une infection secondaire peut se développer dans les tissus, conduisant à la formation d’un abcès profond. Ce type de complication est relativement fréquent lorsque la porte d’entrée initiale était infectée, ou si le système immunitaire du cheval est affaibli.
Dans ce cas, on pourra observer :
une zone plus chaude et douloureuse,
une boiterie plus marquée,
parfois un écoulement purulent.
Ces complications, bien que sérieuses, peuvent souvent être maîtrisées si elles sont prises en charge à temps. C’est pourquoi il est essentiel de surveiller attentivement l’évolution de l’œdème et de ne pas hésiter à contacter son vétérinaire en cas de doute.
Fonctionnement du système lymphatique chez le cheval
Pour bien comprendre ce qu’est une lymphangite et pourquoi elle peut devenir problématique, il est essentiel de s’intéresser d’abord au fonctionnement du système lymphatique. Ce dernier joue un rôle fondamental dans l’équilibre des fluides, la défense immunitaire… et lorsqu’il se dérègle, les conséquences peuvent être visibles et parfois sévères, notamment au niveau des membres.
> Un système parallèle à la circulation sanguine
Le système lymphatique est souvent méconnu, car il est plus discret que le système sanguin. Et pourtant, il joue un rôle fondamental dans l'équilibre de l’organisme. On peut le considérer comme un réseau secondaire de circulation, qui complète le travail du sang, en assurant notamment le nettoyage des tissus et la défense immunitaire.
- Qu’est-ce que la lymphe ? Composition et rôle


La lymphe est un liquide clair, proche du plasma sanguin. Elle contient de l’eau, des protéines, des électrolytes, des déchets cellulaires… et surtout, des cellules immunitaires, comme les lymphocytes.
Elle circule lentement à travers tout le corps et remplit trois fonctions principales :
drainer les excès de liquide interstitiel (celui qui stagne entre les cellules),
nettoyer les tissus des déchets et toxines,
transporter des cellules immunitaires jusqu’aux zones qui en ont besoin.
En somme, c’est un fluide de soutien vital, qui contribue à maintenir l’équilibre interne du cheval.

Les vaisseaux lymphatiques : structure, organisation et direction du flux
Les vaisseaux lymphatiques sont comparables à de petites veines : ils possèdent des valvules anti-reflux qui dirigent le flux dans une seule direction toujours vers le haut du corps.
Contrairement au sang, la lymphe n’est pas propulsée par un cœur.
Sa progression dépend :
des contractions musculaires (lorsque le cheval bouge),
de la pression exercée par les autres tissus,
de la respiration.
C’est donc un système très dépendant du mouvement.
Les vaisseaux sont présents dans presque tous les tissus, y compris les membres, où ils assurent le drainage des liquides issus de l’activité musculaire ou des microtraumatismes quotidiens.

Ganglions lymphatiques : filtres immunitaires du corps
En chemin, la lymphe traverse des ganglions lymphatiques, véritables postes de contrôle du système immunitaire. Ces petits organes, répartis dans tout le corps, ont pour mission de filtrer la lymphe : cela signifie qu’ils interceptent les agents pathogènes (bactéries, virus, champignons), les cellules endommagées ou anormales, et les particules étrangères présentes dans le liquide interstitiel.
Concrètement, lorsque la lymphe arrive dans un ganglion, elle y est “inspectée” : les cellules immunitaires présentes à l’intérieur (notamment les lymphocytes et les macrophages) identifient, neutralisent ou détruisent les éléments indésirables. En parallèle, le ganglion déclenche une réponse immunitaire locale si nécessaire, en produisant davantage de cellules de défense.
Chez le cheval, on peut facilement palper certains ganglions, notamment ceux :
sous la mâchoire (ganglions sous-mandibulaires)
entre les membres postérieurs (ganglions inguinaux).
En présence d’une infection ou d’un processus inflammatoire, les ganglions peuvent augmenter de volume. Cette réaction hypertrophique traduit une activation du système immunitaire local, les ganglions jouant leur rôle de filtre et de centre de prolifération lymphocytaire.
> Le rôle clé du système lymphatique dans l’immunité et le drainage
Le système lymphatique n’est pas seulement un réseau de drainage : c’est aussi un acteur essentiel du système immunitaire. Il assure à la fois la surveillance de l’organisme, l’élimination des déchets, et le maintien de l’équilibre hydrique des tissus. Chez le cheval, ces fonctions sont particulièrement importantes, notamment dans les membres, où le retour lymphatique est naturellement plus difficile.

Transport des cellules immunitaires
L’un des rôles majeurs de la lymphe est de véhiculer les cellules immunitaires, notamment les lymphocytes, à travers le corps. Ces cellules, issues des organes lymphoïdes (comme les ganglions), circulent dans les vaisseaux lymphatiques pour surveiller les tissus et intervenir rapidement en cas d’agression : infection, allergie, corps étranger…
En cas de besoin, elles sont redirigées vers la zone concernée pour initier une réponse immunitaire locale. C’est cette capacité de réaction qui explique, par exemple, le gonflement d’un ganglion proche d’une plaie ou d’une infection.

Élimination des déchets et maintien de l’équilibre des fluides
Chaque jour, les cellules produisent des déchets métaboliques qui s’accumulent dans l’espace intercellulaire (liquide interstitiel). Le système lymphatique joue un rôle de nettoyeur : il collecte ces déchets, les achemine vers les ganglions pour filtration, puis vers la circulation sanguine, où ils seront éliminés.
Il est également responsable de réabsorber l’excès de liquide qui fuit des capillaires sanguins vers les tissus. Sans ce mécanisme de régulation, les membres gonfleraient en permanence. On comprend donc pourquoi un dysfonctionnement lymphatique peut rapidement provoquer un œdème, comme dans le cas d’une lymphangite.

Un système lent, sans pompe centrale
Contrairement à la circulation sanguine, qui est propulsée par le cœur, la lymphe ne bénéficie pas de pompe centrale. Sa progression repose sur :
- les contractions musculaires du cheval (marche, déplacement),
- la pression des tissus environnants,
- les valvules anti-reflux qui empêchent le retour en arrière.
Ce système est donc naturellement lent et fortement dépendant du mouvement. C’est pourquoi l’immobilité prolongée (au box, en convalescence, ou après un transport) peut ralentir le drainage lymphatique, favoriser la stagnation des fluides, et augmenter le risque d’engorgement ou de lymphangite.
> Particularités du système lymphatique chez le cheval
Chez le cheval, le système lymphatique fonctionne selon les mêmes principes que chez les autres mammifères, mais certaines spécificités anatomiques et fonctionnelles le rendent plus sensible aux déséquilibres, en particulier au niveau des membres.


Vulnérabilité des postérieurs : pourquoi les “poteaux” sont si fréquents
Les membres postérieurs sont plus fréquemment touchés par les engorgements et les lymphangites, pour plusieurs raisons :
le retour lymphatique y est plus lent,
et les masses musculaires y sont moins actives au repos.
- Engorgement ou lymphangite ?
Il est important de faire la différence entre un engorgement simple et une lymphangite :
L’engorgement est un gonflement passif, souvent bilatéral et indolore, lié à une accumulation temporaire de lymphe, sans inflammation réelle. Il apparaît fréquemment après une immobilisation ou un manque de mouvement, et disparaît avec la marche.
La lymphangite, au contraire, est une inflammation aiguë des vaisseaux lymphatiques, généralement unilatérale, douloureuse, chaude, parfois accompagnée de fièvre et de signes généraux.
Cette distinction est essentielle pour agir à temps : un simple “poteau” peut paraître anodin, mais si l’un des membres est nettement plus gonflé, chaud, ou que le cheval montre des signes d’inconfort, il ne faut pas hésiter à demander conseils.
Facteurs qui perturbent la circulation lymphatique (immobilité, infections, traumatismes, etc.)
Le bon fonctionnement du système lymphatique peut être perturbé par de nombreux éléments, souvent combinés. Ces déséquilibres favorisent la stagnation de la lymphe et augmentent le risque d’œdème, voire de lymphangite.
Parmi les facteurs les plus fréquents :
L’immobilité prolongée (repos au box, transport, convalescence)
Les infections cutanées ou sous-cutanées, même minimes (plaie, dermatite, crevasse…)
Les chocs ou traumatismes locaux (coup sur un membre, contusion)
Un trouble de l’appui ou de la posture, lié à une boiterie, une ferrure inadaptée ou une compensation locomotrice
Un terrain lymphatique sensible, propre à certains chevaux, avec une tendance naturelle aux engorgements ou aux réactions inflammatoires
Ces différents éléments sont développés dans la prochaine section, consacrée aux causes de la lymphangite chez le cheval.
"Mon cheval a un poteau" : que se passe-t-il vraiment ?
Tout propriétaire de cheval a déjà redouté ce moment : en arrivant au box ou au paddock, l’un des membres du cheval est anormalement gonflé, tendu, chaud.
Derrière ce terme d’usage courant se cachent des situations très différentes. Le gonflement peut être transitoire (engorgement simple), réactionnel (suite à un coup), ou pathologique.
Parmi les affections les plus sérieuses figure la lymphangite, une inflammation aiguë ou chronique des vaisseaux lymphatiques du membre. Elle entraîne un œdème marqué, douloureux, souvent asymétrique, qui remonte parfois haut sur le membre, et peut s’accompagner de fièvre et de signes généraux.
Comprendre les mécanismes en jeu et les facteurs de risque est essentiel pour réagir vite et limiter les complications.
> Décryptage des causes possibles (gale de boue, mycose)
Infections bactériennes et points d’entrée
Dans la grande majorité des cas, la lymphangite chez le cheval est liée à une infection bactérienne. Il ne s’agit pas de "bactéries exotiques" ni de contaminations exceptionnelles : ce sont des germes dits opportunistes, naturellement présents dans l’environnement du cheval, dans le sol, la litière, la végétation ou même sur la peau. Parmi les plus fréquemment impliqués, on retrouve des streptocoques, staphylocoques, Pseudomonas ou encore E. coli.
Ces bactéries sont habituellement sans danger lorsque la peau est intacte. Mais il suffit parfois d’une petite porte d’entrée, souvent invisible à l’œil nu, pour qu’elles parviennent à coloniser les tissus :
- de microfissures cutanées provoquées par l’humidité, le froid, ou un terrain boueux,
- les abrasions légères causées par le frottement d’un équipement (guêtres, cloches, bandes de repos),
- des crevasses (notamment en cas de gale de boue),
- de simples piqûres d’insectes,
- ou encore de petites plaies superficielles, parfois si discrètes qu’on ne les remarque pas.
Si une bactérie parvient à franchir cette barrière cutanée, l’organisme du cheval déclenche immédiatement une réponse immunitaire. C’est cette réaction de défense qui provoque une inflammation locale : les tissus se gonflent, deviennent chauds, parfois douloureux. Lorsque l’inflammation s’étend aux vaisseaux lymphatiques du membre, on parle alors de lymphangite.
L’accumulation de liquide inflammatoire et de cellules immunitaires dans le membre entraîne le fameux gonflement que l’on observe sur le terrain.
D’où l’importance d’identifier et de traiter précocement toute cause potentielle de fragilisation cutanée, même mineure.
À savoir, la gale de boue, avec ses petites croûtes et ses rougeurs, peut ouvrir la voie à une infection si elle n’est pas traitée. Et parfois, c’est ce type de porte d’entrée, toute simple en apparence, qui peut déboucher sur une lymphangite.
En cas de gale de boue non traitée ou mal contrôlée, les lésions cutanées peuvent devenir une véritable porte d’entrée pour les bactéries. Si ces germes franchissent la barrière de la peau, ils sont rapidement détectés par le système immunitaire du cheval, notamment par les macrophages, ces cellules spécialisées dans la reconnaissance et la neutralisation des agents pathogènes.
Mais si la charge bactérienne est trop importante, ou si l’inflammation devient excessive, l’infection peut s’étendre aux tissus plus profonds, y compris aux vaisseaux lymphatiques. C’est ainsi que la lymphe peut être concernée, et que la situation évolue vers une lymphangite. Ce n’est donc pas l’eczéma sec ou les croûtes en elles-mêmes qui causent la lymphangite, mais bien l’infection secondaire qui peut s’y greffer si rien n’est fait.
Plaies mal soignées, abcès, dermatites
Certaines lésions chroniques ou mal prises en charge favorisent l’apparition d’une lymphangite :
- Plaies négligées : une petite plaie non nettoyée ou mal désinfectée peut évoluer vers une infection profonde.
- Abcès sous-cutanés : leur rupture interne libère du pus et des bactéries dans les tissus environnants.
- Dermatites chroniques (eczéma, photosensibilisation) : elles fragilisent la peau et augmentent le risque de pénétration bactérienne.
Dans tous ces cas, le traitement tardif ou incomplet des lésions initiales peut etre un facteur de complication.
Lésions internes ou circulation lymphatique altérée
Outre les causes infectieuses, certaines anomalies internes peuvent perturber la circulation lymphatique :
- Traumatismes (contusion profonde, écrasement musculaire) : ils endommagent les vaisseaux lymphatiques.
- Fibrose tissulaire (suite à une ancienne infection ou inflammation chronique) : le tissu cicatriciel gêne le drainage lymphatique.
- Troubles circulatoires généraux : certaines maladies systémiques ou métaboliques affectent indirectement le système lymphatique.
Dans ces cas, le gonflement est plus chronique, et peut etre récidivant.

> Les facteurs qui aggravent la situation
Même en présence d’une cause initiale modérée, certains facteurs de gestion et d’environnement peuvent aggraver l’évolution d’une lymphangite.
Cheval confiné, immobilisé ou stressé
Le mouvement joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement du système lymphatique : c’est en partie grâce à l’alternance de contraction et de relâchement des muscles que la lymphe circule dans le membre.
Lorsqu’un cheval reste immobilisé de manière prolongée, par exemple en box sans sorties régulières, ce drainage naturel est ralenti, ce qui peut favoriser l’apparition ou l’aggravation d’un engorgement lymphatique, en particulier si un autre facteur déclenchant (comme cité précédemment) est présent.
De même, certaines situations de stress (transport, changement d’environnement, modification de la routine ou compétitions successives) peuvent avoir un impact sur l’équilibre immunitaire et la microcirculation, rendant le cheval temporairement plus vulnérable aux infections ou aux réactions inflammatoires.
Cela ne signifie pas qu’un cheval au box ou qu’un cheval stressé développera forcément une lymphangite ! Mais dans ces contextes, il est d’autant plus important de veiller à :
1) offrir à son cheval, dans la mesure du possible, une activité physique adaptée et régulière, sortie et mouvement quotidien,
2) maintenir un cadre de vie rassurant et stable,
3) surveiller attentivement l’état de ses membres et de sa peau.
Problèmes d’hygiène, sol humide ou litière souillée
Le mode de vie au pré, qui permet au cheval de se mouvoir librement, est globalement très bénéfique pour la circulation lymphatique et le bien-être général. Néanmoins, certaines conditions environnementales peuvent, ponctuellement, fragiliser la peau des membres.
Cela ne signifie pas qu’il faille éviter de mettre les chevaux au pré, bien au contraire. Mais il peut être utile d’adopter quelques gestes préventifs simples, en particulier lors des périodes humides :
permettre au cheval d’accéder à une zone de repos plus sèche (abri stabilisé, paddock en dur, zone surélevée du pré),
éviter de brosser trop vigoureusement les membres lorsque la peau est fragilisée,
Veiller à la propreté du matériel de pansage,
Le but n’est pas d’assécher à tout prix la peau (un excès de nettoyage ou de savon peut aussi fragiliser la barrière cutanée), mais de favoriser un équilibre naturel.
Un suivi attentif de l’état cutané, et une approche douce et régulière, suffisent souvent à prévenir les complications.
Prédispositions individuelles et terrain sensible
Enfin, chaque cheval est unique, et certains présentent des facteurs prédisposants qui méritent simplement un peu plus d’attention :
Les chevaux de type lourd ou de sang-froid ont parfois une circulation lymphatique plus lente par nature, sans que cela soit une maladie en soi.
Les chevaux ayant déjà connu un épisode de lymphangite peuvent garder une certaine sensibilité du système lymphatique : un suivi régulier et des soins préventifs adaptés sont alors recommandés pour limiter les récidives.
Les chevaux souffrant de troubles métaboliques (syndrome métabolique équin, maladie de Cushing) présentent parfois une peau plus fragile et une immunité locale modifiée.
Enfin, certaines conformation des membres (membres postérieurs "fermés", boulets bas, membres très plats), ou un historique de traumatismes, peuvent favoriser localement une moins bonne circulation.
Dans tous ces cas, cela ne signifie pas que le cheval est "condamné" à faire des lymphangites. Mais un accompagnement adapté (hygiène rigoureuse, activité physique, suivi vétérinaire personnalisé) permet généralement de maintenir une excellente qualité de vie.
Diagnostic vétérinaire : comment confirmer une lymphangite ?
Lorsqu’on découvre son cheval avec un membre soudainement gonflé, chaud et douloureux, le doute s’installe vite. Est-ce "simplement" un engorgement, une réaction passagère… ou bien une lymphangite qui nécessite une prise en charge rapide ?
Le diagnostic d’une lymphangite repose d’abord sur un examen clinique approfondi. Dans certains cas, il peut être complété par des examens ciblés pour préciser la cause et la gravité de l’épisode. Voici comment se déroule généralement cette démarche.
> L’examen clinique sur le terrain

Observation globale et évaluation du membre
Le vétérinaire commence par observer l’état général du cheval : est-il vif ou pas ? Y a-t-il d’autres signes inhabituels ?
Ensuite, il examine attentivement le ou les membres atteints :
localisation de l’œdème (bas du membre ou œdème qui "remonte"),
texture des tissus (mou, tendu, fibreux),
aspect de la peau : présence de fissures, suintements, petites plaies éventuelles,
symétrie par rapport au membre opposé.
Il s’agit d’une observation fine, qui permet déjà de distinguer une lymphangite d’autres causes de "poteau" (engorgement simple, phlébite, tendinite…).

Température, douleur, signes d’infection
La prise de la température rectale fait partie de l’examen : une fièvre supérieure à 38,5 °C oriente souvent vers une cause infectieuse.
La sensibilité à la palpation, l’intensité de la douleur, et la chaleur locale du membre sont également des indices précieux.
Il est important de rappeler ici que chaque cheval réagit différemment : certains présentent une fièvre marquée et sont très abattus, d’autres conservent un état général correct malgré un membre impressionnant.
Le rôle du vétérinaire est justement de faire la part des choses et d’évaluer la gravité réelle de la situation.

L’importance de l’historique et du profil du cheval
Au-delà de l’examen physique, le vétérinaire s’attache aussi à comprendre le contexte :
Est-ce un premier épisode, ou le cheval a-t-il déjà fait des lymphangites ?
- Vit-il au pré ou au box ? A-t-il été exposé récemment à des facteurs de risque (boue prolongée, piqûres d’insectes, petite plaie, stress, transport…) ?
- Le cheval présente-t-il des fragilités particulières (terrain métabolique, âge, antécédents de traumatisme…) ?
- Pour les chevaux vivant majoritairement au pré, certaines causes (humidité prolongée, piqûres d’insectes) peuvent être plus fréquentes, mais le fait de vivre dehors reste globalement bénéfique pour la circulation lymphatique.
Le but n’est donc pas de changer leur mode de vie, mais simplement d’adapter la surveillance et les soins lorsque c’est nécessaire.
> Quand et pourquoi compléter par des examens ?
Dans de nombreux cas, l’examen clinique suffit à orienter le diagnostic et à débuter le traitement.
Mais lorsque le tableau est atypique, que la réponse au traitement tarde à venir, ou que le vétérinaire suspecte une complication, des examens complémentaires peuvent être proposés.

Prises de sang : CRP, fibrinogène, leucocytes
Une simple prise de sang permet d’évaluer le niveau d’inflammation dans l’organisme :
La CRP (protéine C-réactive) et le fibrinogène sont des marqueurs sensibles de l’inflammation aiguë.
La numération des leucocytes (globules blancs) aide à confirmer une origine infectieuse.
Ces résultats permettent aussi de suivre l’évolution sous traitement.

Échographie des tissus et recherche d’abcès
L’échographie des tissus mous est un examen simple, non douloureux, que le vétérinaire peut réaliser directement sur le terrain. Elle est très utile pour mieux visualiser ce qui se passe sous la peau, en particulier lorsque l’œdème est important.
Elle permet de :
évaluer l’état des tissus et des vaisseaux lymphatiques,
détecter la présence d’un abcès profond à drainer (poche de liquide purulent),
et suivre l’évolution de la lésion au fil des jours.

Analyses bactériennes ciblées (si suintements ou plaies)
Dans certaines situations, le vétérinaire peut proposer de réaliser un prélèvement pour analyse bactérienne.
Ce n’est pas un geste systématique : on le réserve aux cas où l’on suspecte une infection bactériologique, ou lorsque la réponse au traitement n’est pas aussi rapide qu’espéré.
Pourquoi faire ce prélèvement ?
Le but est d’identifier précisément la ou les bactéries responsables de l’infection. En effet, plusieurs types de germes peuvent être impliqués dans une lymphangite (streptocoques, staphylocoques, Pseudomonas…), et certains sont plus sensibles que d’autres aux différents antibiotiques.
Grâce à cette analyse (appelée souvent "antibiogramme"), le vétérinaire peut ensuite :
choisir l’antibiotique le plus adapté,
éviter l’usage inutile de molécules moins efficaces,
et donc améliorer les chances de guérison, tout en respectant les bonnes pratiques en matière d’antibiorésistance.
Faut-il s’en inquiéter ?
Pas du tout !
Ce type de prélèvement est un complément utile pour affiner le traitement, surtout lorsqu’un cheval présente des lésions de peau ouvertes ou des suintements persistants.
Cela permet aussi de comprendre pourquoi certaines lymphangites mettent plus de temps à se résorber, et de mieux anticiper les récidives.
Là encore, c’est une démarche personnalisée, décidée au cas par cas par le vétérinaire en fonction de la situation du cheval et de son évolution.
Complications possibles : quand la lymphangite s’installe
Dans la majorité des cas, une lymphangite bien soignée évolue favorablement. Mais parfois, surtout quand les épisodes se répètent ou que l’inflammation est importante, des complications peuvent apparaître. Elles ne sont pas systématiques, mais je pense qu’il est important d’en parler pour que chacun puisse mieux comprendre ce qui se joue, et adapter la gestion au quotidien si besoin
> Fibrose, œdème permanent et altération du membre
Quand le drainage lymphatique est perturbé sur le long terme, il peut arriver que le membre ne retrouve jamais totalement son aspect initial. On observe alors ce qu’on appelle un œdème résiduel : le bas du membre reste un peu engorgé, surtout après un temps de repos. C’est parfois discret, mais cela peut s’installer durablement.
Dans certains cas, les tissus s’épaississent et deviennent plus rigides : c’est ce qu’on appelle la fibrose. Ce n’est pas douloureux en soi, mais ça peut modifier l’élasticité des tissus et donner un aspect plus massif au membre. Ce type de séquelle est surtout observé quand la lymphangite a été prise en charge tardivement, ou en cas de récidives fréquentes.
Cela ne veut pas dire que le cheval ne pourra plus vivre normalement. Dans la grande majorité des cas, même avec un léger œdème résiduel ou une fibrose modérée, les chevaux continuent à vivre une vie confortable et active. Ils peuvent rester au pré, marcher, galoper, interagir avec les copains, et même être montés régulièrement, tant que l’activité est adaptée à leur état.
> Baisse de performance ou fin de carrière ?
Un membre qui garde des traces de fibrose ou un œdème chronique peut parfois gêner un peu la locomotion, notamment dans les disciplines où l’engagement et la souplesse sont importants. Certains chevaux vont montrer un peu de raideur à froid, ou auront plus de mal à récupérer après un effort soutenu.
Mais là encore, il faut nuancer, ce n’est pas parce qu’un cheval a eu une lymphangite qu’il est condamné à arrêter toute activité. Avec une bonne gestion (soins réguliers, adaptation du travail, environnement favorable), la plupart reprennent une vie active, même pour des randonnées, des balades ou du travail léger. Le tout est d’être à l’écoute de ce que le cheval nous montre, sans chercher à le pousser au-delà de ce qui est confortable pour lui.
> Risques systémiques : infection généralisée
Il peut arriver, dans de très rares cas, que l’infection à l’origine de la lymphangite se propage dans l’organisme. C’est ce qu’on appelle une septicémie. C’est une situation grave, mais heureusement très peu fréquente, surtout si l’on intervient dès les premiers signes.
Les signes qui doivent alerter dans ce cas : un cheval très abattu, avec une forte fièvre, un cœur qui bat vite, une respiration plus rapide, des muqueuses pâles ou rouge vif. Si on observe ce tableau, il faut appeler sans tarder : c’est une urgence vétérinaire.
Dans un contexte où le cheval est bien suivi, que son mode de vie respecte ses besoins fondamentaux (mouvement, contacts sociaux, environnement sain), et que l’on réagit vite aux premiers signes de lymphangite, ce genre de complication reste très rare.
Lymphangite et quotidien du cavalier : vos questions fréquentes
Quand on traverse un épisode de lymphangite avec son cheval, beaucoup de questions se posent.
> Est-ce que mon cheval va guérir complètement ?
Dans la majorité des cas, oui. Si la lymphangite est prise en charge rapidement et que le cheval répond bien au traitement, la guérison est souvent complète, sans séquelle. Les signes locaux (œdème, chaleur, boiterie) régressent en quelques jours à quelques semaines.
Cependant, certains chevaux peuvent garder un léger engorgement au niveau du membre atteint, notamment s’il y a eu des récidives ou une inflammation marquée. Ce n’est pas forcément gênant pour leur confort ou leur activité, mais cela mérite une surveillance à moyen et long terme.
La clé, c’est une prise en charge précoce, adaptée, et un suivi attentif, même après la phase aiguë.
> Quels soins naturels peuvent aider (ou pas) ?
Bien utilisés, certains produits ou gestes peuvent apporter un vrai confort. D’autres, en revanche, peuvent s’avérer inadaptés, voire contre-productifs.
Ce qui peut accompagner la récupération :
Lorsque la phase aiguë est passée, et que le membre est encore légèrement engorgé ou sensible, des soins de soutien peuvent être intégrés à la routine quotidienne. Par exemple :
- L’argile froide, posée en cataplasme, aide à apaiser et à rafraîchir les tissus. Elle est intéressante pour son effet décongestionnant, à condition d’être utilisée sur une peau saine.
À savoir, L’argile, utilisée en cataplasme sur un membre engorgé, agit grâce à ses propriétés absorbantes, adsorbantes et rafraîchissantes. Lorsqu’elle est appliquée en couche épaisse sur une peau propre et saine, elle apporte d’abord un effet rafraîchissant : en séchant, elle entraîne l’évaporation de l’eau qu’elle contient, ce qui contribue à faire baisser la température locale et à apaiser les tissus échauffés. Par ailleurs, sa structure microporeuse lui permet d’absorber les liquides (comme les exsudats ou les œdèmes superficiels) et d’adsorber certaines molécules présentes à la surface de la peau, ce qui soutient son action décongestionnante. Enfin, en séchant, l’argile exerce une légère tension mécanique sur la peau, ce qui stimule la microcirculation et favorise le drainage lymphatique. Bien tolérée, elle constitue un soin de soutien intéressant en phase post-aiguë, à condition de ne pas être appliquée sur une plaie ou une peau irritée, de laisser sécher à l’air libre, et de la retirer une fois sèche pour éviter les irritations.
- Le drainage lymphatique manuel ou des massages doux, réalisés avec de bonnes bases, peuvent soutenir le retour lymphatique et améliorer le confort local, surtout chez les chevaux sujets aux engorgements chroniques.
- Les gels de massage à base de plantes peuvent également apporter un soutien local, en favorisant la souplesse des tissus et en stimulant la circulation.
Notre gel de massage Motus Equilibrium est idéal. Il associe plusieurs extraits végétaux reconnus pour leurs propriétés apaisantes et circulatoires. Appliqué en massage léger après l’effort ou lors d’un œdème résiduel, il peut aider à préserver la souplesse tissulaire et à améliorer le confort des membres.
- La phytothérapie peut également offrir un appui intéressant dans la gestion des engorgements chroniques ou des phases de récupération. Certaines plantes sont traditionnellement utilisées pour soutenir le drainage lymphatique ou stimuler la microcirculation. Parmi elles, on retrouve par exemple le marron d’Inde ou la vigne rouge, aux vertus veinotoniques ; la bardane, utilisée pour son action détoxifiante douce.
Ces plantes peuvent être administrées sous forme de compléments secs, liquides ou de macérats, mais toujours avec un minimum de recul sur la situation clinique du cheval. Une formulation mal adaptée, un surdosage ou un mauvais moment d’utilisation peut réduire l’effet recherché, voire gêner la récupération.
Certains soins naturels, bien que souvent utilisés avec de bonnes intentions, peuvent retarder la guérison s’ils ne sont pas adaptés à la situation :
- L’application de mélanges maison, ou de produits agressifs sur une peau enflammée, peut provoquer des irritations ou masquer l’évolution des signes.
- Les huiles essentielles pures ou mal dosées peuvent entraîner des brûlures ou une réaction locale importante.
- Et, de façon plus générale, l’attente sans traitement médical approprié, lorsqu’un cheval présente fièvre, douleur ou œdème marqué, peut aggraver la situation.

FAQ sur la lymphangite chez le cheval
Définition, symptômes et causes d'une lymphangite
En plus du traitement médical, plusieurs gestes simples peuvent aider :
1) Doucher doucement le membre pour le rafraîchir,
2) Appliquer des soins topiques adaptés (sur conseil professionnel),
3) Faire marcher le cheval quelques minutes plusieurs fois par jour (si la boiterie est modérée),
4) Surveiller régulièrement l’évolution de la taille du membre et l’état général.
5) Le confort du cheval est une priorité, et de petits ajustements peuvent faire une grande différence.
La lymphangite peut survenir lorsqu’un petit déséquilibre s’installe dans la circulation lymphatique du cheval. Plusieurs éléments peuvent y contribuer :
- Une petite plaie, une irritation cutanée ou une crevasse,
- Une infection locale, souvent bénigne au départ,
- Une immobilisation prolongée (box, transport),
- Une fragilité individuelle chez certains chevaux sujets aux engorgements.
Il ne s’agit pas d’une maladie grave en soi, mais plutôt d’un signal que le corps a besoin d’un coup de pouce pour relancer le drainage.
Qes signes peuvent varier, mais on observe souvent :
- Un gonflement soudain et chaud d’un membre, en général un postérieur,
- Une sensibilité au toucher et parfois une légère raideur à la marche,
- Parfois de la fièvre ou une baisse de forme,
Dans certains cas, un suintement clair au niveau de la peau si la pression devient importante.
Si vous remarquez ces signes, une consultation vétérinaire permet de poser un diagnostic précis et d’éviter que la situation ne s’installe.
Soins et prévention de la lymphangite
Il arrive que, lors d’un œdème important, la pression dans les tissus fasse apparaître des petites fissures cutanées. Un liquide clair ou légèrement jaune peut alors s’écouler : c’est de la lymphe, un fluide naturellement présent dans l’organisme. Ce liquide n’est pas du pus : c’est un fluide naturel, riche en protéines, qui participe à l’élimination des déchets et à la défense immunitaire. Mais son écoulement à l’extérieur est un signe que la peau est sous tension.
Ce phénomène n’est pas rare, surtout si la lymphangite n’a pas été prise en charge tout de suite. Il ne faut pas s’alarmer, mais cela justifie une consultation vétérinaire pour soulager le cheval et éviter une surinfection cutanée.
Non, la lymphangite n’est pas une maladie contagieuse au sens classique. Elle ne se transmet pas directement d’un cheval à l’autre comme la grippe équine ou la gourme.
Cependant, certains agents infectieux impliqués (comme des bactéries présentes sur la peau ou dans l’environnement) peuvent être favorisés par des conditions communes : humidité, boue, petites plaies non soignées, ou forte présence d’insectes piqueurs.
Il est donc important de maintenir une bonne hygiène de vie pour tous les chevaux du troupeau : surveillance des plaies, nettoyage régulier des zones de repos ou d’abreuvement, et gestion raisonnée de l’environnement (insectes, boue, etc.).
Références :
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